shit happens. (kamila)

@"Kamila Monroe"

t'avais envie de sortir. de t'aérer un peu l'esprit. t'avais l'impression que la semaine se rallongeait de plus en plus. tu t'étais encore engueulé avec nikki. c'était parti en couille, encore une fois. t'avais la rage. t'étais agacé, t'avais encore ses mots dans la tête. ça résonnait comme des cloches. t'avais vraiment besoin de penser à autre chose. de boire un verre. de voir du monde. tu voulais pas rentrer là-bas, chez elle. un moment de répit s'imposait alors après le taff, tu décida presque naturellement de prendre la direction du connolly's. l'un de tes endroits préférés dans cette ville. là où le scotch coulait à flot. là où tu pouvais t'enivrer, te saouler tranquillement. là où tu pouvais passer pour un client lambda, même si à force les employés commençaient à facilement repérer ta tête parmi la foule. c'que tu pouvais pas te permettre au renard blanc. fallait à tout prix que t'évites de passer pour l'alcolo de service. déjà que t'en profitais bien assez. quand t'arrives au pub, t'es surpris parce que tout est calme. mais il est tôt, c'est vrai. l'endroit est presque désert. tu t'engouffres dans le bâtiment et rejoins directement le bar où tu salues l'employé. tu t'installes. "un ballantine's s'il te plaît." pour commencer. t'es penseur, perdu dans tes problèmes quand le type te sert. comme par réflexe, t'attrapes bien vite le verre et le porte à tes lèvres. quand l'alcool les pénètre et afflue dans ton gosier, tu te sens comme libéré. ça fait du bien. alors tu recommandes un autre verre que tu t'enfiles tout aussi vite. l'alcool, c'était ton exutoire. t'aimais ce sentiment de plénitude, sentir les effets de l'alcool sur ton corps mais surtout sur ton esprit. il te fallait encore quelques verres avant de commencer à vraiment en sentir les effets. c'est bien ce que tu comptais faire: enchaîner les verres jusqu'à plus soif. jusqu'à ce que ton cerveau cesse de fonctionner, de cogiter et de ressasser les  événements passés.

@"Kamila Monroe"

t'étais tranquillement installé derrière le bar, seul. t'avalais les verres les uns après les autres. c'était déjà ton troisième ou peut-être était-ce le quatrième? tu les compte plus. t'appréciais le silence qui régnait là. ça te changeait des cris et des pleurs agaçants de nikki. mais celui-ci - le silence - fût brisé par une voix féminine, non loin de toi. au début t'écoutes sans vraiment trop y prêter attention. tu ne tournes même pas la tête. t'entends juste une voix douce, hésitante. puis tu tiques quand elle énonce sa commande. qui viendrait boire du jus de fruit dans un pub? pour toi c'était logique, tu viens dans un pub, tu consommes forcément de l'alcool sinon y avait foutrement aucun intérêt. d'autant qu'ils avaient une grande variété de whisky de tout pays. alors une boisson au fruit, c'était un peu comme demander une limonade à un barista. tu jettes un œil au gars derrière le bar, un peu surpris par la commande de la femme. il devait penser comme toi alors tu lui adresses un sourire moqueur avant de te tourner vers la cliente. d'abord tu l'observes, la scrute de bas en haut. un visage angélique, les cheveux blonds, un corps sans doute parfait sous ses vêtements, plutôt grande. elle détonnait ici. tu te demandais ce qu'elle pouvait bien faire ici. elle avait presque l'air trop distinguée par rapport à toi. "vous allez l'offenser avec votre jus de fruit." cocktail, jus de fruit; c'était du pareil au même. c'était la boisson réservée aux enfants. tu ricanes doucement dans ta barbe, accoudé au comptoir. "goûtez plutôt l'bailey, en général les femmes adorent." ça tu le savais que trop bien. toi tu trouvais que c'était pas assez fort, que ça avait un goût trop crémeux. tu préférais la bonne vieille pureté d'un alcool comme le whisky. y avait que ça de bon. tu finis par lui adresser un sourire en coin avant de tourner la tête à nouveau vers le serveur et de lui faire signe d'en servir un à la fille. "et d'abord qu'est-ce qui vous amène ici? vous vous êtes perdues?" tu la vouvoie, t'as pas l'habitude. l'alcool modifie déjà ton comportement. t'as l'air déjà plus lourd.

@"Kamila Monroe"

elle te paru gênée. pourquoi donc? toi, t'es intrigué par sa venue, par sa façon de parler, par ce qu'elle dégage. tu saurais pas trop dire mais t'as comme l'impression qu'elle évite ton regard. non, t'es même persuadé qu'elle le fuit. peut-être que tu l'impressionnes. peut-être que tu lui fais peur avec tes airs de baroudeur alcoolo. tu savais pas trop. et cette situation t'amuse. t'observes le gars la servir et tu peux pas t'empêcher de rire quand il t'adresse un clin d’œil. il devrait peut-être t'embaucher. tu t'y connaissait bien en alcool et t'arrivais facilement à charmer les clientes. t'aimais bien leur faire du gringue. et celle-là, la blonde à côté, elle te plaisait bien. tu la trouvais jolie. elle avait un certain charme, quelque chose de mystérieux qui t’interpellais. tu pivotes sur ton siège pour paraître plus poli mais elle semble distraite. ou peut-être n'était-elle pas d'humeur à parler? t'observes ses cheveux blonds recouvrir son visage. intéressant. t'as l'impression que la banquise vous sépare alors qu'il n'y a qu'un foutu siège. "ah oui, une musicienne... quel instrument?" tu fais mine de t'intéresser pour paraître un peu plus poli mais t'y connaissais rien en musique. "alors on a une star en ville?" tu t'étouffes en avalant le contenu de ton verre. tu l'avais ingurgité trop vite. c'était pas vraiment la ville parfaite où séjourner. y avait des magouilles à tous les coins de rue. si elle détestait l'agitation de phoenix, elle apprécierait pas non plus oracle. y s'en passait des choses dans cette ville, comme la mort inexpliquée du maire. mais tu te retiens de le dire. sinon la pauvre, elle va fuir. elle avait pas l'air d'une femme qu'aimait prendre des risques. on dit souvent qu'il faut pas se fier à la première impression, mais elle, elle paraissait aussi douce qu'un agneau et aussi frêle qu'une brebis. un peu comme égarée sur le bord de la route. "ouais je suis du coin." tu vis un coup à droite, un coup à gauche mais t'es né là. "à oracle, les nouvelles têtes sont rares." surtout les métropolitains. ici, vous les repériez facilement. "et... vous voyagez seule?" question intéressée. peut-être qu'y avait un mec planqué dans un coin. t'allais pas mentir, t'espérais un peu qu'elle soit seule. "pardon, je vous ai pas demandé votre prénom... moi c'est oskar." tu lui adresses un petit signe de la main et un charmant sourire pour essayer un peu plus de briser la gêne. mais fais pas ton prince, parce que dans cinq minutes tu t'en souviendra déjà plus. t'avais une mémoire de poisson rouge. faut croire que t'arrivais à ne retenir que ce qui t'intéressais véritablement. et franchement les noms des meufs que tu fréquentais, ça rentrait d'une oreille pour ressortir quasi-instantanément de l'autre.

@"Kamila Monroe"

elle montrait aucune modestie et ne se qualifiait que de pianiste. pas de star. elle avait un peu le profil de la bobo pourtant. t’acquiesces de la tête. tu toussotes, le poing devant les lèvres, essayant de faire passer le liquide dans le bon trou cette fois ci. et y a cette fille qui se fout de ta gueule. elle devait te trouver marrant. son rire animait un peu la pièce. un rire gracieux et mélodieux. ses lèvres qui se tortillaient dans un fou rire. t'arques un sourcil et elle retrouve finalement son calme. quand elle te dit être seule, t'affiches un léger sourire en coin. entendre ce genre de chose, ça te faisais toujours plaisir. après tout, t'étais connu pour avoir la queue à la place du cœur et tu renonçais jamais à une jolie fille. "enchanté jolie sarah." t'agites les quelques neurones toujours en état pour essayer de le mémoriser. tu tends ta grande main pour essayer d'attraper la sienne. putain t'essayes vraiment de lui baiser la main là? arrêtes de faire ton caliméro c'est pas comme ça qu'on séduit une femme en 2020. mais après tout elle paraissait bien distinguée. alors t'essayais juste de faire en sorte qu'elle te prenne pas pour un gros sac imbibé de whisky. c'est-à-dire le genre de mec toujours trop lourd, qui drague ouvertement et sans ménagement et qui colle la main au cul de ses dames quand elles se trémoussent. ce genre là, tu vois. ses gars là n'arrivaient généralement à rien avec les filles comme elle. fallait se montrer un peu plus respectueux. bobo on dira. ou encore charmant. "je pari que t'es plutôt du genre à boire un bon verre de vin au coin du feu, j'me trompe?" non, tu la juge pas. tu tentes juste de vérifier si ton hypothèse de base est la bonne. foutue première impression. "pardon, j'ai pas demandé si je pouvais te tutoyer." question de formalité. de politesse. tout ce qu'elle voulait. le bailey. le whisky des femmes et elle aimait pas. t'étais bouche bée, intrigué. pourtant c'était pas si fort que ça. enfin tu trouvais. c'était le côté crémeux qui plaisait. "affirmatif, elles adorent le p'tit côté crémeux gourmand." mais peut-être qu'elle en avait pas assez dans l'estomac. peut-être qu'elle savait pas encaisser et qu'elle était du genre à se rouler par terre après un verre. "bon... je te laisserais choisir le prochain, c'est moi qui offre." sourire charmant, charmeur. directement tu proposais de poursuivre cette petite entrevue. mais par pitié pas à nouveau le coup du jus de fruit. c'est pas une gosse. du moins elle en avait pas l'air. elle était sans doute un peu plus jeune que toi. toi, la barbe te vieillissait un peu. ça faisait plus dur. ça épaississait tes traits. t'avais déjà pensé à la tailler complètement mais tu voulais pas passer pour un minot. "j'suis videur dans une boîte du coin." oui bon. pas tout à fait. mais t'allais pas lui dire que tu bossais dans un club destiné aux accrocs du cul et des fantasmes en tout genre. dans tes mots, y avait quand même une petite part de vérité. videur, agent de sécu, c'était quasi pareil à tes yeux. t'avais juste plus l'habitude de virer des mecs qu'essayaient d'abuser des putes que des mecs qu'avaient un peu trop forcé sur l'alcool et dégueulé au beau milieu de la piste de danse. elle était pas censée savoir que le renard blanc existait. fallait surtout pas le crier sur les toits.

@"Kamila Monroe"

intéressant. t'avais finalement faux sur toute la ligne. elle était pas comme t'imaginais. slave. c'était donc de là que venait cette douceur dans le visage? étonnant. elle n'avait aucun accent. elle parlait parfaitement anglais. t'aurais jamais pu le deviner tout seul. elle remontait franchement dans ton estime. ouais pour le coup, ça t'en bouchait un. si la vodka est son eau, alors le scotch est la tienne. même si c'était en fin de compte deux eaux aux goûts plutôt différents mais tout aussi puissants. t'essayes alors de l'imaginer avec quelques verres dans le nez. elle devait être bien plus amusante comme ça. les slaves aiment bien faire la fête, non? t'en savais rien mais c'est ainsi que tu voulais les imaginer. "l'eau a un goût de scotch chez moi." à chacun son alcool. "ça fait longtemps que t'es aux états-unis?... t'as pas d'accent." tu creuses un peu pour comprendre. elle devait vivre sur le sol américain depuis un sacré bout de temps pour avoir réussi à perdre son accent slave. déboussolant. alors c'était mort pour le verre de vin au coin du feu. mais tant mieux parce que tu trouvais ça chiant à mourir. "c'est bien de se démarquer parfois. ça prouve qu'on est unique." à chacun sa manière. c'est quoi ce discours? t'as l'air d'un fou qu'essaye de l'impressionner. t'essayes de lui dire qu'elle est unique? paraît que c'est ce que toutes les femmes rêvaient d'entendre de la bouche d'un homme. rire. elle finit par commander une bière et t'en profites pour demander un autre verre aussi. quand le gars vous sert, tu tends le bras vers elle pour trinquer. "За здoровье!" santé, en russe. t'es pas sûr de le prononcer correctement, tu parlais pas un mot de cette langue mais c'était genre l'expression russe que tout le monde avait déjà entendu au cinéma. et toi aussi. tu mords probablement quelques lettres, écorches sûrement quelques sons mais t'espères qu'elle comprenais quand même. "c'est bien c'qu'on dit chez toi?" dans un russe parfait oui et sans l'accent bien typé américain, dira-t-elle. tu te rassures comme tu peux. puis tu lui adresses un sourire plus que charmeur. finalement tu suis son regard qui se pose sur tes bras. t'étais tatoué de partout. du bout des doigts jusqu'au torse. ça te donnait pas forcément l'air sympa vu comme ça. ils avaient pas forcément de signification. pour certains, tu pouvais raconter quelques histoires mais ce qui te plaisait le plus dans le fait d'avoir la peau gorgée d'encre, c'était te transformer en oeuvre d'art. "ça te plaît?" que tu dis en désignant tes tatouages. ça plaisait pas toujours à vrai dire, mais tu pouvais pas plaire à tout le monde. fallait que tu te démarques, toi aussi. "j'peux te montrer les autres si tu veux." si ça c'est pas du rentre-dedans, j'sais pas ce que c'est.

@"Kamila Monroe"

t'es surpris quand elle commence à forcer son accent. ok, là, c'était clair. et ça lui donnait un certain charme. un peu d'exotisme franchement sympa. "ouais là ça s'entend bien". toute son enfance sur le sol américain. forcément. tu l'aurais pas cru si elle t'avait dit tout juste débarquer. t'avais jamais quitté le pays contrairement à elle. t'étais né ici. dans cette ville. t'y connaissais pas grand chose au reste du monde. t'avais jamais pris le temps de voyager. "pourtant t'es pianiste, c'est que tu dois quand même apprécier d'être sur le devant de la scène, j'me trompe?" si elle faisait des concerts, c'est que forcément elle était devant un public. donc qu'on l'observait souvent. et c'est vrai qu'en y réfléchissant un peu, ça devait être chiant de toujours être observée, scrutée. dans les moindres faits et gestes. t'avais raté ton coup avec le russe. elle était kazakh. tu savais même pas où c'était. et pour tes oreilles non expertes, tu trouvais que ça se ressemblait pas mal. "ah... alors j'ai pas réussi à t'impressionner?" avec ton accent pourri. merde, t'étais pourtant tellement fier de ton coup. alors tu répètes tant bien que mal ce qu'elle dit, dans sa langue et tintes à nouveau ton verre contre le sien avant de le porter à tes lèvres et d'en boire une gorgée. c'était joli sortit de sa bouche alors que de la tienne, ça sortait écorché, étranglé. t'étais pas franchement impressionnant mais t'espérais quand même que ça te ferait marquer des points. les femmes aiment qu'on s'intéresse à elles, pas vrai? et toi aussi t'aimais bien quand elle montrait un intérêt pour toi. ou ton corps, comme elle le faisait. t'étais pas peu fier de la dégaine que t'avais. une carrure plutôt épaisse qui plaisait à ces dames. "oui j'en ai beaucoup là dessous." t'indiques ton haut. t'étais recouvert de tatouages tant sur les bras que sur le torse. à vrai dire, y restait plus beaucoup de place libre. et tu réfléchissais de plus en plus à en acquérir de nouveaux. "si t'es sage, je te les montrerais..." tout à l'heure. ce soir. plus tard. tu lui adresses un clin d’œil dragueur. elle te montrait son intérêt. c'était déjà pas mal. tu te sentais en bonne voie. elle avait pas l'air offusqué à l'idée que tu lui fasse ouvertement du rentre-dedans. "et toi, des petits secrets cachés sous ta robe que je devrais voir?" d'humeur coquin, tu pousses le bouchon un peu plus loin. tu dirais pas non à finir la soirée avec elle. et le gars derrière le bar, lui, l'avait bien compris. tu jouais encore ton petit manège.  

@"Kamila Monroe"

tu faisais pas dans la musique classique. t'avais besoin de quelque chose de plus soutenu. d'un rythme qui en jette. le classique, ça colle pas à ton image de gros dur. mais elle et son visage d'ange, ça lui allait bien. ça paraissait complètement naturelle. sa douceur te plaisait. tu lui prête une oreille attentive avant de finalement te tourner vers le piano. "tu peux nous faire un solo si tu veux," dis-tu en pointant l'instrument de ton index. "j'sais pas si t'auras une ovation par contre." quand tu vois le public. toi avec déjà beaucoup trop de whisky dans l'organisme. et quelques autres tout aussi bourrés ou presque assis plus loin. quand au barman, pas sûr qu'il apprécie non plus. mais ça lui changerais peut-être des pseudo-karaokés qu'ils organisaient. là vous aviez une pro au commande. une pro que t'avais pas réussi à te mettre dans la poche. mais t'allais pas lâcher. parce qu'on dit pas non à oskar. merde quoi. comme si ta gueule ne lui plaisait pas. tu passais sûrement pour un enfoiré à ses yeux. l'enfoiré qu'a juste envie de baiser une jolie fille. mais t'avais l'habitude de ces minettes qui disent ne rien vouloir. alors pourquoi est-ce qu'elle traînait dans les bars seule le soir? "hm.. t'es plus une fillette à ce que je vois." tu la mates de bas en haut, la jugeant au passage. "on t'a jamais appris à t'amuser?" t'as l'air complètement sûr de toi. elle savait pas ce qu'elle perdait celle-là. avec ses airs de petite fille parfaite. et toi t'étais tellement cash. t'allais toujours droit au but et ça plaisait pas forcément. mais t'aimais provoquer. t'étais persuadé qu'en la poussant un peu dans ses retranchements, elle céderait. "tiens dis moi..vu que t'es célibataire, c'est quand la dernière fois que tu t'es envoyé en l'air?" t'arques un sourcil, impatient d'entendre sa réponse. toi, c'était récent. parce que t'étais sans attache. t'aimais ça. "en tout cas, tu sais pas ce que tu rates ma belle." ça va les chevilles? l'égo? putain t'es un connard, si elle l'avait pas encore compris. là comme ça t'allais pas lui laisser un bon souvenir de son séjour. le premier gars qu'elle rencontre, c'est un connard obnubilé par le sexe. super. mais tu savais comment transformer tout ça. c'était à elle d'en décider. t'allais quand même pas la violer. y consentir, c'était important. 

@"Kamila Monroe"

t’acquiesces simplement de la tête quand elle propose de jouer plus tard. probablement un signe flagrant de sa timidité. elle osait pas. fallait peut-être la décomplexer un peu avant. la détendre, en la saoulant un peu. et tes remarques salaces n'y faisaient pas non plus. tiens, elle te surpris un peu plus la d'moiselle. elle ne prêtait aucun intérêt à tout ce que tu lui disais. c'est comme si tu parlais à un mur. merde. peut-être qu'elle préférait les filles après tout. comme si t'avais zéro sex appeal. elle allait pas te vomir au nez quand même. t'étais piqué dans ton égo. dans ta fierté. t'aimais pas qu'on te résiste à ce point. alors quand son regard s'accroche au tien, t'essaies de sonder son âme. de lire ce qu'il s'y cache. t'essaies de comprendre pourquoi. t'essaies vraiment mais t'y arrives pas. sûrement l'alcool qui t'en empêche. ou ses paroles trop douces. trop sincères. elle était pleine d'assurance. paraissait sûre d'elle. en moins de deux minutes, elle avait changé. elle était passée de la fillette à la vraie femme. "merde, t'essaies vraiment de m'avoir par les sentiments? t'as été psy dans une autre vie?" tu grognes dans ta barbe. merde alors. une femme qui croit que t'es capable de t'impliquer émotionnellement. c'est pas ce que tu cherchais. en plus, tu saurais même pas comment faire parce que tu l'as jamais fait. tu t'es jamais engagé avec personne. elle allait être déçue la p'tite. "c'est ça tu me connais pas. crois pas que j'en ai quelque chose à foutre de toi." aïe. ça fait mal. fallait pas qu'elle se fasse d'illusion. t'allais quand même pas lui sortir le violon. "mais t'es qui pour me parler de ma vie?" elle t'amuse plus. tu lui lances un regard instigateur. d'abord, elle y connaissait rien à ta vie. alors pourquoi parlait elle de changer de chemin? tes malheurs ne se lisaient quand même pas sur ta gueule. si? tes lèvres se déforment en une grimace. t'avais pas envie de t'étaler là dessus. et sûrement pas avec une inconnue. "qu'est-ce que t'en sais de ma vie la pianiste?" vous jouiez pas dans la même cour d'école. et si elle pensait pouvoir changer tes habitudes, elle se fourrait le doigt dans l’œil.

@"Kamila Monroe"

elle croyait que tu voyais le mal partout. mais en fait, t'avais été plutôt clair avec elle, n'est-ce pas? tu lui avais fais une proposition. qu'elle s'obstinait à refuser. qu'est-ce qu'elle voulait de plus? que tu lui ouvre ton petit cœur de guimauve? mais t'avais beau le chercher, il était pas dans ta poitrine. comme si ses mots pouvaient te faire lâcher prise. comme si t'allais t'ouvrir à une inconnue. qu'elle aille jeter son dévolu sur un autre, comme tu le feras avec la prochaine fille qui franchira la porte ce soir. comment pouvait elle te trouver intéressant. tu ne lui avait dit que deux choses sur toi. ton prénom. et ton job. l'un des deux n'était qu'un pur mensonge d'ailleurs, mais ça elle l'ignorait. t'arrivais donc pas à comprendre comment elle espérait cerner si facilement le personnage. "y a rien d'intéressant. crois-moi t'as pas envie de savoir." après tout ça donnait pas vraiment envie de te connaître quand on énonçait les mots suivants: agression, prison et sexe. comme si t'allais la séduire en lui racontant que t'avais tabassé bon nombre de mecs et que tu te tapais des putes tous les soirs de la semaine. ton image te collait plutôt bien à la peau, contrairement à ce qu'elle devait penser. mais ses excuses t'apaisent un peu quand même. tu te montres un peu moins sur la défensive et finit par accepter sa proposition concernant le prochain verre. "moi pas commode? t'as encore rien vu." si elle voulait elle pouvait demander à nikki. elle, elle le savait que trop bien. t'étais provocateur mais peut-être un poil susceptible sur les bords. alors forcément dès qu'un truc te déplaisait tu le faisais savoir. t'aboyais ou tu tapais. puis elle riait. tu voyais bien qu'elle cherchait à détendre l'atmosphère, un peu trop chargée. alors tu finis par lui adresser un regard plus compréhensif. t'y étais peut-être aller un peu fort, c'est vrai. mais c'est pas pour autant que t'allais t'excuser de lui avoir fait du rentre-dedans.

@"Kamila Monroe"

franchement, tu te demandais bien ce qu'elle aurait envie de savoir te concernant. peut-être qu'elle t'imaginait tendre, gentil ou tout simplement aimable. tu pourrais t'inventer une vie mais ça se voyait à ta gueule que ta vraie vie c'était de la merde. "et qu'est-ce que tu veux savoir au juste?" qui t'es? où t'as grandi? si t'as eu une enfance heureuse? t'as beau cherché, y avait rien que tu puisses lui dire qui ne la décevrait pas. t'étais bien loin de sa petite vie apparemment parfaite de pianiste. "comment tu fais pour être aussi calme?" question étrange. et pourquoi est-ce qu'elle disait ça. qu'est-ce que tu pouvais craindre venant d'elle. même si t'avais déjà bien bu, sa phrase sonnait bizarre à l'oreille. comment espérait elle te surprendre? elle qui semblait pourtant prévisible. fille ultra tolérante vivant aux pays des bisounours? qu'aime tout le monde, aussi bien les bons que les méchants? hm. t'en étais pas persuadé. alors tu la regarde, dans le plus grand des calmes; avec un air tout à fait sérieux, presque trop sérieux. à la limite de la malsanité. "qu'est-ce qui te dit que j'vais pas te séquestrer dans un motel miteux et te violer ensuite?" bien sûr que tu le ferais pas, mais ça elle pouvait pas le savoir. après tout, y avait des gens fous sur cette terre. elle était pas sans le savoir. mais ça te ferait une sacré belle jambe de te retrouver au poste de police pour une accusation de viol. tout ça pour juste un peu de cul? elle est si optimiste que ça en est presque agaçant. et elle est taquine en plus. tu sens le contact doux de sa main sur ton épaule. vraiment, tu lui faisais pas peur. qu'est-ce qu'elle voyait en toi que tu ignorais? tu la suis du regard quand elle rejoint le piano au fond de la salle. tu tournes sur ton tabouret pour l'observer. elle commence à jouer. une mélodie plutôt douce. tiens, ça lui ressemblait. et c'est là que tu pris réellement le temps d'apprécier sa beauté. sa simplicité et sa douceur. tu scrutes la moindre émotion passer sur son visage, ses doigts flirter avec les touches du piano. c'est là que tu compris qu'elle n'était finalement peut-être pas comme toutes les filles que tu te tapais. elle a de l'estime pour elle-même. elle est prude. elle est sage. douée de ses dix doigts, elle est à l'aise derrière l'instrument. avoue, elle t'en bouche un coin.

@"Kamila Monroe"

tout? ça voulait tout dire et en même temps rien du tout. tu pouvais vraiment lui raconter tout et n'importe quoi. elle s'en rendrait pas compte. mais à quoi bon? après tout, elle avait pas l'air de vouloir se défiler. elle se présente comme tolérante. ouverte d'esprit et comme une fille qui n'a pas froid aux yeux. t'as pas l'habitude de t'ouvrir comme ça à quelqu'un. de parler de toi. d'évoquer tes petits secrets. tu savais pas si tu pouvais lui faire confiance. elle avait tout l'air d'une fille respectable. mais quand même. en plus tu croiserais sûrement pas son chemin à l'avenir. t'y songe un moment pour au final ne rien dire sur toi, sceptique. "et tu dis que t'es célibataire... t'as pas encore trouver le bon loup à sauver?" tu la voyais mal dans ce rôle. t'étais pas persuadé qu'elle ait suffisamment de caractère pour éviter de se faire bouffer par le grand méchant loup. y avait pire que toi. bien sûr. t'en avais rencontré en taule. t'avais cru pouvoir lui faire peur. la remettre un peu à sa place. mais c'est sa réponse qui te surprend. parce que tu t'attendais pas à ça. elle jouait au même jeu que toi. comme si t'allais fuir en courant. toi, ton flingue dormait bien sagement à la maison. ça t'excitait pas de t'en servir. c'était trop facile de régler ses comptes avec. "j'vois que t'es joueuse. t'essaies d'me faire peur, c'est raté." t'allais pas trembler devant une fille. tu pourrais la désarmer facilement. et au pire, tu te prendrais une balle. mais pas sûr qu'elle soit capable de te la coller entre les deux yeux. fallait beaucoup trop de pugnacité pour ça. et elle en avait pas assez.  tu savais qu'elle avait raison. mais t'aimais bien aussi qu'on te mette au défi. qu'on te refuse ce que tu désires tant. mais t'allais pas te transformer en lover pour elle. en plus elle jouait vraiment mal la pimbêche. tu lèves les yeux au ciel. "j'préfère les femmes avec du caractère." un minimum au moins. pas les petites minettes en chaleur.

derrière le piano, elle est décomplexée. libérée. mais comme en transe. elle ne lève même pas une fois les yeux des touches. à fur et à mesure qu'elle joue, tu repenses à ce qu'elle t'a dit. à si elle avait vraiment un flingue caché dans son sac. que craignait-elle? c'était peut-être un peu extrême comme moyen de protection. tu reportes ton attention sur elle; toujours assise derrière le piano. c'était pas le genre de mélodie que t'avais l'habitude d'entendre par ici. c'était pas le genre de la maison. enfin ton regard croise le sien. la mélodie s'achève. quelques applaudissements dans la scène mais toi, tu n'applaudis pas, parce que tu trouves ça débile. les mots, c'est mieux. à la place t'auras un petit mot sympa pour elle. c'est vrai, elle est douée. c'est vraiment une artiste. et tu fais tâche à côté. tu l'observes se mouvoir, avec grâce et volupté elle rejoint sa place à tes côtés. captivé et l'esprit sûrement un peu retourné, tu t'en rend pas compte mais ton visage est fermé. c'est sa remarque qui t'éveille. t'y pensais déjà plus, à son flingue. t'étais plus intéressé par sa beauté. par sa féminité. elle était jolie dans sa petite robe. les cheveux lâchés sur les épaules, encadrant son visage d'ange. tu reprends tes esprits, réalignes deux neurones et finis par lui adresser un petit sourire. tout petit mais il est là quand même, bien accroché à tes lèvres. assez pour qu'elle le remarque. "c'est joli c'que t'as joué." mais encore? c'est un peu court comme compliment, tu crois pas? "t'es douée... j'y connais rien donc t'aurais pu jouer des fausses notes, j'aurais rien entendu." et? "j'te félicite, t'as réussi à me surprendre." ô jolie sarah.

@"Kamila Monroe"

t'as pas besoin d'être sauver. sauver de quoi d'abord? c'était pas vraiment de toi dont tu parlais. t'es pas le loup à sauver. et t'as pas envie de le devenir. te retrouver en cage et qu'on te dompte, oh ça non. toi, t'es un solitaire. dans la meute de loup, tu serais plutôt l'oméga. le gars qui se débrouille, qui pense qu'il est mieux seul. t'es pas du genre à traîner en bande. t'aimes mieux observer de loin. te faire ta propre opinion, vivre tes propres expériences. "nan j'ai pas besoin d'être sauvé. j'suis bien comme je suis." elle savait pas qui t'étais. fallait te prendre avec tes défauts. jamais tu changeras pour quelqu'un. nikki te l'avait demandé. t'avais toujours refusé, prétextant que c'était dans ta nature humaine. comme si tabasser des mecs c'était génétique. tu ne relèves pas quand elle t'accuse d'essayer de lui faire peur. elle a raison et elle le sait. mais c'est vrai que t'aurais bien aimé la voir trembler. au moins hésiter. mais t'as rien vu de tout ça. juste une femme convaincue que t'es un mec bien dans l'fond. et ça, ça faisait presque chaud au cœur.

t'étais nul en compliment. t'aurais pu lui sortir quelque chose de plus raffiné. de plus distingué. mais t'étais maladroit avec les mots. t'avais pas appris à les manipuler correctement. alors c'était sûrement un peu raide, un peu classique aussi. elle avait dû entendre ce genre de choses des millions de fois dans sa vie. à quel point elle était douée. que ce qu'elle jouait était joli. toi, tu pouvais pas comprendre l'émotion qui s'en dégageait. t'entendais juste une musique douce, au rythme lent, sans doute triste. mais ton compliment suffit quand même à la faire rougir. ses deux petits joues toutes rouges, c'est mignon, que tu penses. tu la sens un peu touchée quand elle te remercie. toi le grand gaillard et elle la petite pianiste. "oui, j'dis toujours ce que j'pense." ça c'est bien vrai. t'es trop franc comme mec. avec tes mots, t'essayais peut-être aussi de l'amadouer un peu mais ça restait très subtile. tu accroches ton regard sombre au sien, fixant ses deux petites prunelles teintées de vert émeraude. toujours le sourire sur les lèvres. t'avais pas remarqué avant, mais elle s'était rapproché. la distance entre vos deux visages était désormais plus courte alors t'en profite pour observer le sien plus en détail. ses lèvres te paraissent si douce que, l'espace d'un instant, t'as envie de lui voler un baiser. mais t'abandonnes trop vite l'idée, contre ta volonté, quand elle se détourne de toi pour parler au serveur. merde alors. t'aurais bien tenter ta chance, quitte à te prendre un coup dans les couilles. juste pour voir si elle était vraiment indifférente à ta proposition. "y a des restos sympas dans l'coin si tu veux manger." c'est quoi ça? une invitation ou un conseil tiré d'un guide touristique? le serveur apporte un bol rempli de cacahuète. pas très nourrissant, ni franchement appétissant. "à moins que tu ne préfères les cacahuètes?" peut-être qu'elle allait s'en goinfrer sous ton nez. en tout cas, en ce qui te concerne, tu vas en piocher quelques unes que tu t'empresses de fourrer dans ta bouche. le côté salé vient trancher avec le goût de l'alcool. c'est elle qu'a faim et c'est toi qui mange. la galanterie à deux balles.

@"Kamila Monroe"

t'es étonné. t'avais du mal à voir où elle stockait la nourriture. elle était plutôt fine. ça vous faisait un point commun. toi aussi tu pouvais t'enfiler des quantités astronomiques. t'avais un appétit d'ogre. "j'croyais pourtant." tu fais mine d'être déçu. qu'elle soit pas venu pour tes beaux yeux. quand tu pioches dans les cacahuètes, y a ses doigts qui repoussent ta main. même pas elle partage. mieux, elle se goinfre comme prévu. tu l'observes, un peu sur le cul, fourrer toutes les cacahuètes dans sa bouche, clamant qu'elles lui appartenaient. elle ressemblait encore plus à une enfant en agissant de la sorte. mais une gosse dans un corps de femme, bordel. tu l'avais pas vu venir. t'avais réussi à sauver trois malheureuses cacahuètes de ses lèvres. les chanceuses. et elle ça l'amuse de faire l'enfant. t'as presque l'impression de jouer au babysitter. plus tu restes à l'observer et plus elle se dévoile. le gars se tord de rire. quel lot t'a tiré encore. t'arrives pas trop à savoir si c'est elle qui le fait rire ou si c'est toi. si il se fout de ta gueule en gros. déjà que t'avais raté ton coup en essayant de l'attirer dans ton lit. merde alors, ta soirée semblait vraiment niquée. elle a faim. toi aussi, parce que t'as rien avalé depuis le matin. ce serait pas mal de manger un truc, histoire d'éponger un peu le whisky dans ton estomac. c'est pas bon de boire à jeun. "y a un italien plutôt sympa à deux rues d'ici." où tu vas de temps en temps quand t'as envie de lasagnes. pas si souvent en fait, mais c'était bon et on y mangeait bien. t'avais pas l'habitude de faire ça. emmener une fille au resto. ne serait-ce que l'imaginer ça te provoquait un urticaire. mais pourquoi pas après tout. peut-être que ça t'aidera à la séduire. fallait peut-être la travailler un peu plus pour qu'elle s'ouvre entièrement. alors tu sors un billet. tu payes vos verres. t'avais dit que tu l'invitais et le tends au barman. elle qui t'observe sans trop comprendre quand tu te lèves de ton tabouret et remets ta veste sur tes épaules. t'attrapes sa main dans la tienne et son sac dans l'autre. en le tâtonnant un peu, tu sens bien qu'y a pas de flingue dedans. "viens, j't'emmène..." tu finis pas ta phrase. tu l’emmènerais bien dans ton lit mais avant t'allais faire un détour par cet italien. elle allait peut-être croire que t'allais vraiment la séquestrer dans un hôtel miteux et la violer. franchement, tu préfères pas lui dire que tu l'invites à dîner, parce que c'est le genre de truc romantique qui te donnait envie de vomir. tu fais un signe de la tête au serveur en guise d'au revoir, pas trop convaincu que la soirée s'achèverait comme lui l'imaginait. tu lui emboîtes le pas, la main resserrant la sienne, appréciant son contact et sa douceur. on dirait un couple. berk.

--- to be continued ---